L’observatoire

Créer des parcours de santé pour tous les patients à tous les âges de la vie

L'essentiel

L’Éducation Thérapeutique des Patients (ETP) pour les maladies respiratoires chroniques est essentielle pour améliorer la qualité de vie des patients. Ces programmes gratuits offrent des compétences pour gérer la maladie au quotidien, incluant des informations sur les traitements, des séances éducatives, des activités physiques adaptées, et d’autres services de soutien. Les patients, référés par des pneumologues ou médecins traitants, reçoivent un diagnostic éducatif initial pour définir des objectifs personnalisés. L’association s’inquiète du désengagement des tutelles sur l’ETP et regrette le manque d’acceptation des tutelles sur un dépistage du cancer du poumon à large échelle.

La loi du 2 mars 2022 a marqué une avancée majeure en étendant la prescription de l’APA aux personnes souffrant de maladies chroniques. Bien que le décret n’ait pas précisé le remboursement par l’Assurance maladie, des initiatives locales et des solutions de complémentaires santé ont été mises en place pour soutenir cette démarche. La Haute Autorité de Santé (HAS) a facilité la prescription médicale d’APA dès l’été 2022. Le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2024 n’a cependant pas répondu aux attentes des patients sur ce sujet et a essuyé le retrait d’un amendement majeur concernant le remboursement de l’APA pour les patients diabétiques et cancéreux.

Cette reculade s’est avérée déceptive pour les patients atteints de maladies chroniques, dont respiratoires, alors que les appels se multiplient pour renforcer la place du sport dans la santé.

L’association Collectif Droit à Respirer a d’ailleurs appelé à une approche pertinente par critères, transverses à toutes les maladies chroniques, pour garantir que tous les patients concernés puissent bénéficier d’une prise en charge de l’APA. Les Jeux olympiques et paralympiques de 2024, où l’activité physique est une grande cause nationale, offrent une opportunité unique de renforcer la promotion de l’APA et de favoriser une prise en charge pérenne, contribuant ainsi à réduire les inégalités d’accès.

En 2020, le plan « Ma Santé 2022 » a introduit un guide HAS pour le parcours de soins de la BPCO, axé sur la prise en charge globale des patients. Parallèlement, l’IHU RespirERA labellisé en 2023, vise à réduire le poids des maladies respiratoires via une approche holistique et l’intégration de l’IA pour le dépistage.

Notre évaluation des politiques publiques

INSUFFISANT

Quelle est la Situation en france?

En France, la prise en charge des asthmatiques sévères montre une grande variabilité en termes de phénotypes et d’accès aux soins, souvent restreinte par des problèmes géographiques et de ressources dans les centres de soins. L’étude RAMSES(1) initiée en 2019 révèle que, malgré un phénotype T2 fréquent, le contrôle de l’asthme reste insuffisant avec des patients souffrant de nombreuses comorbidités et exacerbations. Les centres tertiaires tendent à suivre des patients plus complexes, indiquant des disparités significatives dans l’utilisation d’outils diagnostiques et de stratégies thérapeutiques, notamment en ce qui concerne les biothérapies et l’implication dans les essais cliniques. De plus, l’éducation thérapeutique et la réadaptation respiratoire restent sous-utilisées, soulignant le besoin d’une prise en charge plus standardisée et multidisciplinaire à travers le pays.

Un sondage(2) menée à l’initiative d’un comité d’experts regroupant la Société de pneumologie de langue française (SPLF), la Fédération française de pneumologie (FFP), la Fondation du Souffle, la Société française d’allergologie (SFA), la Société pédiatrique de pneumologie et d’allergologie (SP2A), Asthme et Allergie et la Fédération française des associations et amicales de malades, insuffisants ou handicapés respiratoires (FFAAIR) auprès de 502 patients asthmatiques en 2020 a révélé un manque d’accès et d’orientation des patients vers les spécialistes, ce qui souligne le besoin d’améliorer le parcours de soins dans l’asthme​.

Bronchopneumopathie Chronique Obstructive (BPCO)

 

En 2017, entre 107 000 et 170 000 séjours hospitaliers en lien avec la BPCO(3) ont été comptabilisés en France.

Une étude(4) effectuée en France a montré que plus de 90% des patients consultant aux urgences pour une exacerbation de BPCO étaient hospitalisés, 12% en soins intensifs meurent. La mortalité hospitalière était de 7,4%.

Les soins de rééducation dans les 90 jours après une hospitalisation pour exacerbation de BPCO, recommandés pour améliorer la qualité de vie et diminuer le risque de ré-hospitalisation, ne sont réalisés que chez 31,1 % des patients (5).

Surveiller la fonction respiratoire est importante pour ajuster ou renforcer les traitements dans le cadre de la BPCO : on constate toutefois que seulement 30% des patients ont une surveillance annuelle(6).

Asthme dont asthme sévère.

 

49% des patients souffrant d’asthme sévère ont déclaré avoir consulté les urgences et 44% avoir été hospitalisés au moins un jour à cause d’une crise d’asthme(7). Plus de 60 000 hospitalisations par an sont liées à des exacerbations d’asthme(8).

Cancer du poumon

Par ailleurs, en 2021, moins d’un tiers des Français ayant rencontré un problème respiratoire au cours des 12 derniers mois en avaient parlé à un professionnel de santé(9) exacerbant le constat d’un diagnostic jugé encore tardif à l’instar du cancer du poumon diagnostiqué majoritairement en stade tardif.

Quelles avancees des politiques Publiques en france?

En 2023, la gestion des maladies respiratoires demeure un défi majeur pour la santé publique en France. Ces affections continuent d’altérer considérablement la vie quotidienne des patients, limitant leurs activités et parfois entraînant une dépendance et un handicap respiratoire. Le traitement de ces maladies implique une gamme étendue de soins médicaux et paramédicaux, nécessitant la collaboration de divers professionnels de la santé. À l’instar des directives de la HAS pour d’autres troubles chroniques tels que le diabète et l’insuffisance rénale, il est crucial de développer des guides pratiques pour la prise en charge des maladies respiratoires. Ces guides devraient éclaircir le processus de soins, mettant l’accent sur la coordination entre les différents acteurs de la santé afin d’uniformiser et d’améliorer la qualité des soins dispensés aux patients. Cela engloberait des mesures préventives spécifiques à ces maladies, ainsi que des interventions thérapeutiques adaptées à chaque cas.

...et en Europe/à l’international ?

Nos propositions pour aller plus loin

Afin de répondre à l’urgence que représentent les maladies respiratoires, notre collectif met en avant plusieurs recommandations

Propositions d’ordre général

01

Poursuivre la mise à jour de recommandations HAS pertinentes et adaptées et créer des trajectoires de soins pour toutes les maladies respiratoires, et systématiser l’évaluation d’indicateurs prioritaires pour les pathologies respiratoires chroniques les plus fréquentes.

02

Renforcer l’accès à l’éducation thérapeutique des patients en améliorant la prise en charge des séances et en s’appuyant sur l’ensemble des professionnels de santé intervenant dans la prise en charge des patients respiratoires (pharmaciens, prestataires de santé à domicile, infirmiers, médecins, kinésithérapeutes…) et sur des patients formés et rémunérés, en lien avec les institutions de santé territoriales, et développer l’éducation thérapeutique à distance grâce à un financement par les ARS.

03

Favoriser l’utilisation de « Mon Espace Santé » pour faciliter la communication entre professionnels de santé et le partage d’information entre la ville et l’hôpital

04

Mettre en place des équipes de soins spécialisées référencées dans les territoires afin de mieux identifier et orienter les patients souffrant de maladies respiratoires.

05

Inclure un parcours renforcé et pluriprofessionnel sur les maladies respiratoires dans les études de santé, insistant sur le capital respiratoire.

06

Durant les 1000 premiers jours, réduire la prévalence des infections virales qui prédisposent à des maladies respiratoires, ce qui implique le renforcement des mesures barrières et de la vaccination.

07

Améliorer le suivi post-hospitalisation et la réévaluation du traitement systématique à 60 jours pour les patients atteints de BPCO dans tous les territoires.

08

Impliquer un infirmier coordonnateur accompagnant le patient après un épisode de crise pour optimiser sa prise en charge, favoriser son orientation et son suivi post-urgences. Il conviendrait par ailleurs de créer des postes d’infirmiers spécialisés dans la prise en charge des maladies respiratoires.

Propositions d’ordre général

09

Assurer la prise en charge financière de l’APA pour les patients atteints de maladies respiratoires, grâce à une approche pertinente par critère, transverse à toutes les maladies chroniques, pour garantir que tous les patients éigibles puissent en bénéficier.

10

Sensibiliser les médecins prescripteurs aux bienfaits de l’APA chez les patients atteints de pathologies chroniques à travers des formations.

11

Faire davantage reconnaître la profession d’EAPA et leur capacité à proposer de l’APA pour les patients atteints de pathologies respiratoires chroniques, tant à l’hôpital qu’en libéral.

12

Inscrire le métier d’EAPA dans la grille 4 de la fonction hospitalière.

13

Faire connaître davantage l’existence des Maisons Sport-Santé aux patients atteints de pathologies chroniques pour pratiquer l’APA et pérenniser le financement de ces structures d’intérêt.

OBSERVATOIRE DE LA SANTE RESPIRATOIRE

Notre échelle d’évaluation des politiques publiques et des mesures déployées

Les membres du Collectif

Le Collectif des Etats Généraux de la Santé Respiratoire, ce sont 27 organisations de patients, d’usagers et de professionnels de santé impliqués dans la lutte contre les maladies respiratoires. Notre ambition est de rassembler l’ensemble des acteurs de la santé, publics et privés, pour faire de la santé respiratoire une priorité du quinquennat et pour travailler à la mise en œuvre d’un grand plan national santé respiratoire & environnementale.

Nos soutiens institutionnels

logo Air Liquide

Sources

01

La cohorte RAMSES - L'asthmatèque (asthmateque.fr)

02

Des initiatives pour améliorer le parcours de soins dans l’asthme, au 24e congrès de pneumologie de langue française (CPLF) | Le Quotidien du Médecin (lequotidiendumedecin.fr)

03

Bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) · Inserm, La science pour la santé

04

Predictors of outcomes in COPD exacerbation cases presenting to the emergency department | European Respiratory Society (ersjournals.com)

05

Haute Autorité de Santé - BPCO : des indicateurs de qualité pour évaluer le parcours de soins des patients (has-sante.fr)

06

Infographie BPCO indicateurs de parcours 4 (has-sante.fr)

07

L’asthme sévère est un réel fardeau - Sanofi France

08

Asthme – Santé publique France (santepubliquefrance.fr)

09

Les principaux enseignements de l’enquête (splf.fr)

09

Les principaux enseignements de l’enquête (splf.fr)

09

Les principaux enseignements de l’enquête (splf.fr)

09

Les principaux enseignements de l’enquête (splf.fr)

09

Les principaux enseignements de l’enquête (splf.fr)

10

LOI n° 2022-296 du 2 mars 2022 visant à démocratiser le sport en France

11

Vers un remboursement de l’activité physique sur ordonnance pour certaines pathologies ?

12

Article 46 : LOI n° 2023-1250 du 26 décembre 2023 de financement de la sécurité sociale pour 2024

13

HAS. Guide du parcours de soins bronchopneumopathie chronique obstructive

14

Education thérapeutique chez les patients insuffisants respiratoires chroniques en réhabilitation respiratoire

15

OMS : Maladies des voies respiratoires

16

European Respiratory Society clinical practice guidelines: methodological guidance