L’observatoire
Faire connaitre la santé respiratoire aux Français
L'essentiel
En 2023, malgré une intensification des efforts de sensibilisation aux maladies respiratoires, l’impact sur la modification des comportements et la connaissance générale de ces maladies reste insuffisant. Cette année a été marquée par des initiatives notables, notamment l’organisation de la première Journée Nationale de la Qualité de l’Air à l’Assemblée, un événement qui a illustré un engagement croissant envers la sensibilisation à l’impact de la qualité de l’air sur les maladies respiratoires. Parallèlement, Santé Publique France a mené des campagnes médiatiques et des enquêtes, telles que CoviPrev, pour encourager la vaccination et l’adoption des gestes barrières face à la co-circulation de plusieurs virus, dont la COVID-19, la grippe et le VRS.
Ces actions, bien que significatives, ne suffisent pas. Les enquêtes indiquent une stagnation des intentions de vaccination contre la COVID-19 et seulement une augmentation modeste de la vaccination contre la grippe chez les seniors. Plus inquiétant encore, l’adhésion aux gestes barrières essentiels, comme le port du masque, continue d’être faible, révélant une difficulté persistante à induire un changement comportemental profond au sein de la population.
En 2023, la France a imposé l’élargissement des compétences de vaccination aux pharmaciens, sage-femmes et infirmiers, visant à renforcer la couverture vaccinale face à certaines maladies infectieuses, notamment pour cibler de manière plus efficace les groupes à risque pour la grippe et la Covid-19. De plus, le pays a recommandé l’immunisation des nourrissons contre le virus respiratoire syncitial (VRS), une mesure destinée à renforcer la lutte contre les infections respiratoires.
Notre évaluation des politiques publiques
INSUFFISANT
Alors que 52% de la population française rencontre des problèmes respiratoires récurrents, seuls 3 français sur 10 estiment avoir un risque élevé de contracter un jour une maladie respiratoire.
38% des Français ne savent pas qu’il existe des symptômes permettant de suspecter une maladie respiratoire.
54% des Français s’estiment mal informés sur les symptômes devant alerter d’un risque de maladie respiratoire.
51% des Français s’avouent mal informés sur les risques des maladies respiratoires
Seuls 3 Français sur 10 ont déjà eu recours à la mesure du souffle par spirométrie (31%)
D’après les résultats du sondage(2) réalisé en 2021 en partenariat avec l’IFOP et portant sur la connaissance des Français en matière d’asthme et de BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive).
- 28% des Français éprouvent des troubles respiratoires, particulièrement les jeunes (18-24 ans : 46%) et les femmes de moins de 35 ans.
- L’asthme est connu de 91% des Français, et 68% en connaissent les symptômes.
- La BPCO est moins connue, avec seulement 50% des Français informés et 20% connaissant les symptômes avec un sous-diagnostic chez 70 % des patients, entraînant des retards dans la prise en charge et des aggravations potentielles de la pathologie.
- Seulement 48% des Français connaissent le test de spirométrie, leur réalisation reste peu courante (21% des Français ont déjà réalisé ce test), même au sein des personnes concernées par des troubles respiratoires répétés (36%).
Une récente(3) étude initiée et menée auprès de 14 890 membres du grand public dans 14 pays a révélé que :
- 35% des personnes interrogés ignorent que la BPCO est une maladie pulmonaire
- Une fois informés du fardeau que représente la BPCO, plus de 60 % des personnes interrogées pensent que les gouvernements devraient faire davantage pour prévenir les décès et les hospitalisations inutiles dus à cette maladie
Ces résultats montrent une bonne connaissance de l’asthme par le grand public, mais révèlent un manque de notoriété et de compréhension de la BPCO. De plus, la réalisation de tests de dépistage comme la spirométrie n’est pas courante, même chez ceux présentant des symptômes de maladies respiratoires.
- La crise sanitaire de la Covid-19 a élargi le spectre des campagnes de sensibilisation et de prévention aux virus respiratoires, qui était jusque-là cantonné à la grippe saisonnière et aux « virus de l’hiver ». Ces campagnes sont menées par Santé Publique France et rappellent les gestes de prévention pouvant réduire les risques de contamination incluant la COVID-19, les virus de l’hiver, et d’autres maladies infectieuses. Les campagnes de vaccination et les gestes de prévention ont été soulignés comme essentiels pour se protéger contre ces menaces infectieuses. Elles s’articulent autour de différents formats médiatiques (campagnes télévisuelles, affiches…). En 2023, la France a été témoin d’une co-circulation intense de virus respiratoires tels que la Covid-19, le VRS et la grippe, suscitant une forte tension sur les hôpitaux(4). Pour répondre à cette situation, Santé publique France a mené l’enquête CoviPrev pour surveiller l’adhésion aux gestes barrières et aux vaccinations contre ces maladies. Les intentions de vaccination contre la Covid-19 sont restées stables, tandis que la vaccination contre la grippe a augmenté chez les personnes de 65 ans et plus. Cependant, la prévention reste un défi puisque seulement une faible proportion de la population adhère systématiquement aux gestes barrières, tel que le port du masque. Pour renforcer la sensibilisation, l’Assurance maladie et Santé publique France ont lancé une campagne le 16 octobre 2023 pour promouvoir les gestes barrières, ainsi qu’une campagne de vaccination(5) contre la grippe et la Covid-19 débutée en octobre 2023.
- Un vaste plan de communication, coordonné par la Direction Générale de la Santé (DGS), l’Assurance Maladie et Santé Publique France, est déployé à l’approche des épidémies hivernales. Ce plan comprend plusieurs mesures essentielles. D’abord, il est recommandé à la population générale de porter un masque chirurgical en cas de symptômes ORL et/ou pulmonaires lorsqu’ils se trouvent dans des espaces publics, une pratique largement adoptée dans le sud-est asiatique. De plus, pour ces patients symptomatiques, l’utilisation quotidienne de solutions hydroalcooliques est préconisée pour réduire le risque de transmission manuportée, et il est encouragé de tousser dans le creux du coude plutôt que de mettre la main devant la bouche, conformément à la pratique observée dans toute l’Europe du Nord. En outre, pour les 10 millions de patients souffrant de maladies respiratoires chroniques, le port systématique du masque FFP2 est recommandé dans les lieux clos à forte fréquentation tels que les grandes surfaces, les transports en commun et les salles de spectacle. Enfin, une incitation à la vaccination, notamment contre le pneumocoque et le VRS chez les personnes de plus de 65 ans et les femmes enceintes, est mise en place en population générale. De plus, une vaccination ciblée est recommandée pour les populations à risque contre la grippe et le COVID. Ces initiatives visent à réduire la transmission des maladies respiratoires et à protéger la santé publique pendant la période hivernale.
- Santé Publique France répertorie également l’ensemble des maladies et infections respiratoires sur son site internet à visée informative. Cependant, ces maladies ne bénéficient pas du même relai médiatique que la grippe ou la covid-19. En 2023, Santé publique France a mis en place une surveillance intégrée des infections respiratoires aiguës pour la saison 2023-2024. Le but est de suivre de manière plus précise et hebdomadaire l’impact de ces maladies sur le système de santé, avec des données accessibles en open data pour favoriser la transparence et la réactivité. Cette initiative vise à assurer un suivi hebdomadaire et intégré de ces maladies, ce qui peut jouer un rôle clé dans l’éducation et la sensibilisation du public et des professionnels de santé sur les infections respiratoires aiguës.
- Le Plan national maladies rares 2018 – 2020 s’est notamment fixé pour ambition de développer la communication autour de quelques maladies respiratoires rares pour les rendre plus visibles et faciliter l’accès aux structures existantes. Enfin, le PNMR4, attendu pour 2024, devrait poursuivre le développement de la communication et de l’accessibilité aux traitements pour les maladies respiratoires rares.
- Journée Nationale de la qualité de l’air(6) : le 12 octobre 2023, la 1ère journée dédiée à la sensibilisation sur la qualité de l’air et son impact sur les maladies respiratoires a été organisée à l’Assemblée. Cette initiative portée par le groupe d’études « air & santé » vise à informer le public sur les conditions qui affectent environ 10 millions de personnes en France, notamment l’asthme.
Notre évaluation : En 2023, la sensibilisation du grand public aux maladies respiratoires moins visibles, souvent masquées par des symptômes communs à des affections plus bénignes, reste primordiale. La coexistence de virus tels que la COVID-19, la grippe et le VRS a mis en exergue le besoin impérieux d’une meilleure information sur ces pathologies discrètes mais persistantes. Il est crucial de continuer à promouvoir les gestes barrières tout au long de l’année et de mettre en lumière les maladies respiratoires rares comme le déficit en alpha-1-antitrypsine, la fibrose pulmonaire idiopathique, l’hypertension artérielle pulmonaire, les mycobactéries non tuberculeuses ou la mucoviscidose qui souffrent encore de retards diagnostiques malgré les avancées médicales, pour garantir une prise en charge adéquate et spécialisée. La prévention des exacerbations respiratoires, qu’il s’agisse de pathologies telles que la BPCO, l’asthme ou la mucoviscidose, revêt une importance capitale pour la santé publique. La pandémie de COVID-19 a été un rappel brutal de la vulnérabilité de nombreuses populations face aux maladies respiratoires. Cependant, elle a également mis en lumière des enseignements précieux que nous pouvons tirer pour améliorer la prévention de ces maladies respiratoires et de leurs évolutions respectives. Les mesures de prévention et de contrôle mises en place pour freiner la propagation du COVID-19, telles que le port généralisé du masque, l’hygiène des mains et la distanciation sociale, ont également montré leur efficacité dans la réduction des infections respiratoires virales et des exacerbations. En intégrant ces pratiques dans les stratégies de gestion des maladies respiratoires chroniques, nous pourrions potentiellement réduire le fardeau de ces maladies, améliorer la qualité de vie des patients et diminuer la pression sur les systèmes de santé. De plus, la sensibilisation accrue à l’importance de la vaccination, ainsi que les efforts pour rendre les vaccins plus accessibles, pourraient également contribuer à prévenir ces affections respiratoires en réduisant la prévalence des infections virales saisonnières. En somme, la pandémie de COVID-19 nous offre une opportunité unique d’adapter nos approches de prévention en tirant parti des leçons apprises et en mettant en œuvre des mesures proactives pour protéger la santé respiratoire de la population.
Au Portugal, les pouvoirs publics relaient les campagnes menées par l’association « Respira », pour alerter la population sur les facteurs de risques de BPCO.
Le congrès européen de pneumologie (ERS International Congress 2023), qui s’est tenu à Milan en Italie, a offert un aperçu des bonnes pratiques de prévention des maladies respiratoires, reflétant les progrès continus dans ce domaine.
Propositions relatives à l’enfance
Notre évaluation : En 2023, la sensibilisation du grand public aux maladies respiratoires moins visibles, souvent masquées par des symptômes communs à des affections plus bénignes, reste primordiale. La coexistence de virus tels que la COVID-19, la grippe et le VRS a mis en exergue le besoin impérieux d’une meilleure information sur ces pathologies discrètes mais persistantes. Il est crucial de continuer à promouvoir les gestes barrières tout au long de l’année et de mettre en lumière les maladies respiratoires rares comme le déficit en alpha-1-antitrypsine, la fibrose pulmonaire idiopathique, l’hypertension artérielle pulmonaire, les mycobactéries non tuberculeuses ou la mucoviscidose qui souffrent encore de retards diagnostiques malgré les avancées médicales, pour garantir une prise en charge adéquate et spécialisée. La prévention des exacerbations respiratoires, qu’il s’agisse de pathologies telles que la BPCO, l’asthme ou la mucoviscidose, revêt une importance capitale pour la santé publique. La pandémie de COVID-19 a été un rappel brutal de la vulnérabilité de nombreuses populations face aux maladies respiratoires. Cependant, elle a également mis en lumière des enseignements précieux que nous pouvons tirer pour améliorer la prévention de ces maladies respiratoires et de leurs évolutions respectives. Les mesures de prévention et de contrôle mises en place pour freiner la propagation du COVID-19, telles que le port généralisé du masque, l’hygiène des mains et la distanciation sociale, ont également montré leur efficacité dans la réduction des infections respiratoires virales et des exacerbations. En intégrant ces pratiques dans les stratégies de gestion des maladies respiratoires chroniques, nous pourrions potentiellement réduire le fardeau de ces maladies, améliorer la qualité de vie des patients et diminuer la pression sur les systèmes de santé. De plus, la sensibilisation accrue à l’importance de la vaccination, ainsi que les efforts pour rendre les vaccins plus accessibles, pourraient également contribuer à prévenir ces affections respiratoires en réduisant la prévalence des infections virales saisonnières. En somme, la pandémie de COVID-19 nous offre une opportunité unique d’adapter nos approches de prévention en tirant parti des leçons apprises et en mettant en œuvre des mesures proactives pour protéger la santé respiratoire de la population.
01
Préserver les nourrissons des infections respiratoires en révisant le modèle du congé parental pour retarder l’admission en crèche et préserver les nourrissons des infections respiratoires telles que le VRS.
02
Collaborer avec les organismes de la médecine scolaire pour diffuser des messages clés de santé publique sur la santé respiratoire et réaliser une mesure du souffle régulière des écoliers, collégiens et lycéens
03
Informer les conseillers d’orientation scolaire sur le risque respiratoire de certains métiers pour éduquer les jeunes sur les choix de carrière en tenant compte de leur santé.
04
Impliquer le Ministère chargé de l’Éducation nationale pour intégrer des ateliers de prévention sur les risques des drogues, addictions, et le tabagisme dans les programmes scolaires.
Propositions relatives à l’âge adulte
05
Impliquer les grandes entreprises dans la sensibilisation de leurs employés aux risques des produits du quotidien et aux moyens de protéger leur capital respiratoire en collaborant avec les avec les organismes de santé au travail.
06
Organiser des campagnes nationales régulières de sensibilisation, à l’image du mois sans tabac, pour mieux informer sur les maladies respiratoires tout au long de l’année, et profiter des journées mondiales dédiées à des maladies respiratoires pour accroitre la communication sur ces pathologies auprès du grand public.
07
Former les différentes administrations susceptibles d’orienter et/ou de prendre en charge le patient aux spécificités des maladies respiratoires (Caisses primaires d’assurance maladie, ARS, centres communaux d’actions sociale, Maisons départementales des personnes handicapées…).
Propositions générales
08
Améliorer la visibilité des Comités départementaux et régionaux de lutte contre les maladies respiratoires en lien avec les institutions de santé territoriale afin de faciliter leur action de prévention et de santé publique dans les territoires.
09
Intégrer des messages de prévention à destination des téléspectateurs dès lors que des comportements à risque (consommation de tabac, d’alcool, de stupéfiants…) sont présentés à l’écran.
10
Mettre en place d’un plan national de lutte contre les maladies respiratoires afin de coordonner efficacement les efforts de sensibilisation, de dépistage précoce et d’accès aux traitements appropriés, permettant ainsi d’améliorer la santé respiratoire de la population.
11
Inciter les institutions de santé régionales et départementales à mener des campagnes via les professionnels de santé de sensibilisation aux maladies respiratoires en communiquant plus activement sur les solutions de prévention existantes.
Les membres du Collectif
Le Collectif des Etats Généraux de la Santé Respiratoire, ce sont 27 organisations de patients, d’usagers et de professionnels de santé impliqués dans la lutte contre les maladies respiratoires. Notre ambition est de rassembler l’ensemble des acteurs de la santé, publics et privés, pour faire de la santé respiratoire une priorité du quinquennat et pour travailler à la mise en œuvre d’un grand plan national santé respiratoire & environnementale.
Nos soutiens institutionnels
Sources
01
Les principaux enseignements de l’enquête (splf.fr)
02
es troubles respiratoires répétés, tels que la toux, la respiration sifflante et la gêne respiratoire, touchent un peu plus d’1/4 des Français (Communiqué) - La Veille Acteurs de Santé (veille-acteurs-sante.fr)
03
Étude IPSOS - Poll of 14,890 members of the public in 14 countries underscores the need for greater awareness and prioritization of evidence-based COPD care. Common, Preventable, Treatable: Has COPD been underprioritised? (2022)
04
Comment évolue l’adhésion des Français aux mesures de prévention contre les virus de l’hiver ? | Santé publique France (santepubliquefrance.fr)
05
2023-10-17__dossier-de-presse-vaccination-grippe-covid-19.pdf (sante.gouv.fr)
06