L’observatoire

Lutter contre les facteurs de risque environnementaux et comportementaux

L'essentiel

En 2023, la France a introduit des réglementations impliquant des contrôles annuels de ventilation, des autodiagnostics tous les quatre ans, et des campagnes de mesure des polluants. Bien que ces mesures s’alignent sur le 4e Plan National Santé Environnement pour assurer un air sain dans les résidences et lieux publics, les défis demeurent, particulièrement dans les infrastructures scolaires où la qualité de l’air requiert une attention urgente. De plus, il est nécessaire de développer davantage les professions de Conseiller en Environnement Intérieur (CEI) pour mieux encadrer et surveiller ces espaces. Dans les écoles, une étude réalisée par l’Observatoire de la Qualité de l’air intérieur entre 2013 et 2017 a révélé que la qualité de l’air dans les salles de classes est un enjeu majeur : 93% des classes présentent des concentrations en particules fines supérieures à la valeur guide de l’OMS pour une exposition à long terme(1).

La France souhaite progresser dans l’amélioration de la qualité de l’air en zones urbaines et rurales avec le renforcement du groupe santé-environnement (GSE) et le lancement du Plan National Santé-Environnement 4 (PNSE 4), qui comprend des initiatives telles que Recosanté pour sensibiliser les citoyens aux enjeux environnementaux. Toutefois, en vue de la stratégie nationale santé-environnement pour 2025, il reste encore des défis à relever, notamment en ce qui concerne la réduction des risques liés à la pollution atmosphérique. Le Plan de réduction des émissions de polluants atmosphériques 2022-2025 s’efforce de cibler les principales sources d’émissions, mais l’ampleur des actions nécessaires pour un impact significatif est encore un enjeu majeur. La création d’un comité stratégique pour la transition écologique en santé illustre l’engagement vers une meilleure intégration de l’écologie dans les politiques de santé, mais il est clair que le chemin à parcourir est encore long et complexe.

Lutte contre le tabagisme : des efforts encore nécessaires malgré des initiatives qui vont dans le bon sens. Le programme national de lutte contre le tabac pour la période 2023-2027, dévoilé en novembre 2023, marque une étape dans l’engagement des pouvoirs publics contre le tabagisme en France. Ce plan vise à réduire la consommation de tabac à travers une série de mesures préventives, éducatives, et réglementaires visant à diminuer significativement les maladies liées au tabagisme, avec une économie estimée de 578 millions d’euros par an en frais de santé. En parallèle, l’Assemblée nationale a approuvé l’interdiction des dispositifs électroniques de vapotage jetables, une première en Europe, afin de lutter contre les risques liés au vapotage. Ces mesures reflètent un engagement des pouvoirs publics français en faveur de la lutte contre le tabagisme dont les évolutions seront à suivre prochainement et devront s’étendre au-delà de la simple augmentation tarifaire du tabac.

En 2023, la France a imposé l’élargissement des compétences de vaccination aux pharmaciens, sage-femmes et infirmiers, visant à renforcer la couverture vaccinale face à certaines maladies infectieuses, notamment pour cibler de manière plus efficace les groupes à risque pour la grippe et la Covid-19. De plus, le pays a recommandé l’immunisation des nourrissons contre le virus respiratoire syncitial (VRS), une mesure destinée à renforcer la lutte contre les infections respiratoires.

Notre évaluation des politiques publiques

INSUFFISANT

Nos 3 priorités pour 2023

01

Organiser une conférence nationale de santé environnementale et respiratoire afin de définir une feuille de route s’intéressant aux multiples enjeux des maladies respiratoires.

02

Renforcer sensiblement le nombre de Conseillers médicaux en environnement intérieur (CMEI) formés et faire la promotion de leur rôle afin de réaliser un bilan individualisé pour chaque patient atteint d’une maladie respiratoire, et déployer un cadre de financement pérenne permettant le remboursement de ces consultations.

03

Améliorer les indicateurs de la qualité de l’air en réévaluant les seuils de pollution et en y intégrant notamment les polluants toxiques pour les poumons (produitschlorés, pesticides…) et y faciliter l’accès.

Quelle est la Situation en france?

Selon l’Organisation mondiale de la santé, les facteurs environnementaux qui pourraient être évités ou supprimés provoquent 1,4 million de décès par an en Europe, soit au moins 15 % de l’ensemble du nombre des décès2. Aussi, la santé environnementale constitue une préoccupation fondamentale pour notre siècle.

Les interactions entre santé respiratoire et environnement sont nombreuses : changement climatique, pollution de l’air extérieur et intérieur, exposition à des substances dans les milieux qui entourent et/ou constituent le cadre de vie, habitudes de consommation, cadre de travail… Autant de facteurs dont les impacts sur la santé de la population sont encore difficiles à définir.

En Île-de-France, l’Observatoire Régional de Santé Île-de-France et Airparif ont recensé 7 900 décès prématurés annuels dus à la pollution de l’air en 2021, une baisse due aux politiques d’amélioration de l’air, avec 40% de décès en moins par particules fines en une décennie3.

Selon l’Agence européenne pour l’environnement (AEE), la pollution atmosphérique

cause au moins 238 000 décès prématurés en 2020(4).

Est responsable de 10% des cancers en Europe(5).

Chaque année, 3,2 millions de personnes meurent prématurément de maladies imputables à la pollution de l’air intérieur(6).

21%

21 % sont dus à une infection des voies respiratoires inférieures

19%

19 % sont imputables à une BPCO

6%

6 % sont dus au cancer du poumon

Les infections respiratoires à pneumocoques qui causent chaque année près de 9 000 décès intra-hospitaliers de personnes de plus de 65 ans(7).

Plus d’un logement sur deux en France est contaminé par des polluants dans l’air, parfois perceptibles (odeurs, humidité, fumées de tabac et de cuisson), mais invisibles la plupart du temps et présents dans les produits d’entretien(8).

Bien que la qualité de l’air intérieur varie en fonction des écoles et des villes, les chercheurs révèlent qu’environ 30% des 6590 enfants suivis, soit 3 enfants sur 10, sont exposés à des niveaux des principaux polluants atmosphériques supérieurs aux valeurs guides recommandées par l’OMS et l’ANSES(9).

Principale cause de cancer pulmonaire, le tabagisme peut également être à l’origine de la BPCO. Il est aussi constaté une augmentation du risque de mortalité par cancer du poumon pour les expositions au tabagisme passif, c’est-à-dire à l’exposition à la fumée du tabac dans l’environnement(9).

Quelles avancees des politiques Publiques en france?

...et en Europe/à l’international ?

Nos propositions pour aller plus loin

Afin de répondre à l’urgence que représentent les maladies respiratoires, notre collectif met en avant plusieurs recommandations

01

Organiser une conférence nationale de santé environnementale et respiratoire afin de définir une feuille de route s’intéressant aux multiples facteurs des maladies respiratoires.

02

Renforcer la stratégie nationale de lutte contre le tabagisme impliquerait d’élargir les zones non-fumeurs, notamment autour des établissements scolaires, universitaires et des hôpitaux. Cela inclurait aussi une augmentation des campagnes publicitaires et des incitations pour encourager l’arrêt du tabac dans ces espaces.

03

Impliquer le Ministère chargé de l’Education nationale pour intégrer des ateliers de prévention sur les risques des drogues, addictions, et le tabagisme dans les programmes scolaires. Ces sessions viseront à sensibiliser les jeunes aux impacts de ces comportements sur la santé dès le plus jeune âge.

04

Lancer dès à présent une mission Flash « Prématurité et Phtalates », avec le Haut Conseil de Santé Publique (HCSP) et le Haut Conseil de la Famille, de l’Enfance et de l’Age (HCFEA), associée à une campagne grand public (visant en particulier les femmes enceintes) pour diminuer les expositions.

05

Renforcer la Taxe générale sur les activités polluantes des entreprises et le fléchage des recettes vers des actions de prévention auprès de la population et des malades.

06

Elargir la liste des vaccins abordés pendant les bilans de prévention aux âges clés de la vie aux vaccins recommandés, en particulier à 60-65 ans et pour les plus fragiles.

07

Elargir le champ des campagnes de prévention vaccinale à l’ensemble des infections respiratoires en particulier la grippe, le VRS, les infections à pneumocoques, la coqueluche et la tuberculose et adapter leur temporalité. 

08

Renforcer sensiblement le nombre de conseiller en environnement intérieur (CEI ou CMEI) via une formation initiale renforcée et faire la promotion de leur rôle afin de réaliser un bilan individualisé pour chaque patient atteint d’une maladie respiratoire, et déployer un cadre de financement pérenne permettant le remboursement de ces consultations.

09

Améliorer les indicateurs de la qualité de l’air en réévaluant les seuils de pollution et en y intégrant notamment les polluants toxiques pour les poumons (produits chlorés, pesticides…) et y faciliter l’accès.

10

Intégrer la surveillance de la qualité de l’air intérieur dans les infrastructures publiques, y compris les établissements scolaires et les logements, en se concentrant sur les polluants nouveaux et les conséquences de la dégradation de la qualité des bâtiments publics sur la santé pulmonaire des enfants.

11

Renforcer les campagnes de communication et de lutte contre la pollution en intégrant aux réflexions publiques les professionnels de santé et les représentants de patients.

12

Lister les produits domestiques aux composants toxiques et mettre en place une signalétique permettant de les identifier facilement, à l’instar du Nutriscore pour les produits alimentaires.

13

Mener une réflexion de fond afin de lutter contre la défiance croissante de la population envers la science, en particulier vis-à-vis de la vaccination.

14

Mettre en place un dispositif d’alerte météorologique à disposition de l’ensemble des patients atteints de maladies respiratoires chroniques particulièrement sensibles aux évènements climatiques, en s’inspirant du service d’information mis en place pour les patients à haut risque vital en cas de coupure sur le réseau électrique.

OBSERVATOIRE DE LA SANTE RESPIRATOIRE

Notre échelle d’évaluation des politiques publiques et des mesures déployées

Les membres du Collectif

Le Collectif des Etats Généraux de la Santé Respiratoire, ce sont 27 organisations de patients, d’usagers et de professionnels de santé impliqués dans la lutte contre les maladies respiratoires. Notre ambition est de rassembler l’ensemble des acteurs de la santé, publics et privés, pour faire de la santé respiratoire une priorité du quinquennat et pour travailler à la mise en œuvre d’un grand plan national santé respiratoire & environnementale.

Nos soutiens institutionnels

logo Air Liquide

Sources

01

Etude Qualité de l’Air et confort dans les écoles en France, OQAI

02

Organisation mondiale de la Santé. Pollution de l’air à l’intérieur des habitations et santé.

03

L'impact silencieux de la pollution de l'air sur notre santé

04

Le Monde.

05

Agence européenne pour l’environnement. L’exposition à la pollution provoque 10 % des cas de cancer en Europe.

06

Organisation mondiale de la Santé. Pollution de l’air à l’intérieur des habitations et santé.

07

Hoogendijk EO et al. Adverse effects of pneumonia on physical functioning in nursing home residents: Results from the INCUR study. Arch Gerontol Geriatr. 2016 Jul-Aug;65:116-21.

Centre de lutte contre le cancer Léon Berard. Tabac.

08

Observatoire de la qualité de l’air intérieur.

09

Centre de lutte contre le cancer Léon Berard. Tabac.

10

BPCO, des indicateurs de qualité pour évaluer le parcours de soins des patients, Haute autorité de santé

11

Gouvernement : La stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens

12

Gouvernement : Deuxième stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens

13

Qualité de l'air intérieur

14

Barrett M. Welch et al. Associations Between Prenatal Urinary Biomarkers of Phthalate Exposure and Preterm Birth: A Pooled Study of 16 US Cohorts. JAMA Pediatr. 2022 Sep 1;176(9):895-905.

LOI n° 2022-1616 du 23 décembre 2022 de financement de la sécurité sociale pour 2023. Article 33.

15

Plan National Santé-Environnement 4 (PNSE 4) : ``un environnement, une santé`` (2021-2025)

16

Gouvernement : Plan National de Surveillance de la Qualité de l’Air Ambiant 2016-2021

17

LOI n° 2022-1616 du 23 décembre 2022 de financement de la sécurité sociale pour 2023. Article 33.

18

Campagne de vaccination 2023/2024 contre la grippe et le Covid-19

19

Covid-19 : la HAS publie sa recommandation de stratégie vaccinale pour 2023

20

Prévenir les infections respiratoires à vrs chez le nourrisson et les seniors

21

HAS - Note de cadrage - Recommandation vaccinale contre les infections à VRS chez les femmes enceintes

22

HAS – Note de cadrage – Stratégie vaccinale de prévention des infections par le VRS chez l’adulte âgé de 60 ans et plus